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La rénovation énergétique des logements est un enjeu écologique, social et économique majeur qui mobilise les collectivités territoriales, de plus en plus attendues sur ce sujet – par l’Etat, mais aussi directement par leurs habitants qui cherchent un réel accompagnement de proximité. Compte tenu de la part importante de l’habitat collectif en Île-de-France, mieux accompagner la rénovation des immeubles en copropriété représente un défi pour de nombreuses collectivités franciliennes. Mais ce n’est pas toujours facilement envisageable pour les élu.e.s qui se questionnent sur leur rôle et leur légitimité pour accompagner l’enclenchement de travaux en copropriété.

Quels sont donc les leviers actionnables par les décideurs locaux pour être acteurs de la rénovation du parc de copropriétés ? Comment mieux mobiliser les acteurs locaux et les copropriétés ? Comment faciliter une meilleure coopération entre élu.e.s et technicien.ne.s sur le sujet ? Pour les aider à répondre à ces questions, nous avons organisé avec l’AREC Ile-de-France, dans le cadre du programme RECIF+ (Rénovation des immeubles de Copropriété), un atelier pour les communes de l’agglomération de Plaine Vallée (Val d’Oise). Il s’agissait de mieux identifier les expériences et les besoins des élu.e.s au regard des spécificités du territoire, avec en filigrane l’objectif de tester formats de rencontres plus mobilisateurs et ludiques.

Un atelier élu.e.s-technicien.ne.s pour travailler l’articulation de leurs rôles et avancer sur l’enjeu de la rénovation énergétique

L’expérimentation a pris la forme d’une demi-journée d’atelier avec 12 participant.e.s représentant six communes de l’agglomération. Outre que donner un cadre pour des échanges entre ces élu.e.s et technicien.n.s et entre communes, il s’agissait de:

  • Proposer des pistes de réflexion aux élu.e.s quant à leur rôle et leur légitimité pour intervenir sur ce parc privé des copropriétés et accompagner les habitant.e.s vers la rénovation énergétique ;
  • Identifier les attentes et les besoins des élu.e.s en matière d’accompagnement et en matière de montée en compétence sur le sujet ;
  • Faire ressortir des premiers pas concrets qui peuvent être mis en œuvre sur les communes ou au niveau de l’agglomération.

Pour faciliter les échanges, les animatrices s’appuyaient sur des exercices d’intelligence collective et d’auto-diagnostic qui permettait aux participant.e.s de s’interroger sur leurs besoins et sur les outils mobilisables en fonction de quatre postures proposées pour porter une stratégie de rénovation énergétique à l’échelle de la commune :

  1. L’élu.e porte-parole, qui se mobilise auprès des copropriétaires et des acteurs du territoire pour communiquer sur la rénovation énergétique et sur la stratégie communale en la matière.
  2. L’élu.e entremetteur, qui – fort de sa connaissance des acteurs locaux et de l’écosystème de la rénovation énergétique – est capable de les mettre en réseau pour créer des projets et des dynamiques vertueux.
  3. L’élu.e technicien, qui – disposant d’une bonne connaissance du parc de sa commune, ainsi que des enjeux techniques de la rénovation – se positionne comme référent sur le sujet au sein de la commune.
  4. L’élu.e facilitateur, qui porte une stratégie permettant de lever les obstacles à la rénovation énergétique en impulsant les actions d’incitation possibles à l’échelle de la commune.

Pour le territoire de Plaine Vallée, quatre principaux besoins et idées sont ressortis de ces discussions :

  • Imaginer un.e agent dédié aux enjeux d’habitat et de rénovation énergétique, mutualisé.e entre les communes de l’agglomération afin d’améliorer la coordination territoriale et de faciliter l’émergence de projets sur les communes ;
  • Se doter d’une boussole ou d’un guide des aides et des financements existants pour la rénovation énergétique afin de permettre aux collectivités et aux habitants de s’y repérer plus facilement ;
  • Mettre en place des événements et formats d’échange dédiés aux copropriétaires du type d’un forum ou club des copropriétaires ;
  • Disposer d’un dispositif d’observation du parc de copropriétaires permettant d’améliorer la connaissance de l’état du par cet de repérer plus facilement des situations de dégradation ou des sites prioritaires.

Les participant.e.s ont ensuite donné leurs retours sur un nombre d’outils de formation et d’auto-formation qui cherchent à apporter des clés de lecture sur la rénovation des copropriétés. Se pose la question si les contenus produits aujourd’hui sur cette thématique sont adaptés aux besoins de montée en compétence des élus et techniciens des collectivités.

Quelques enseignements de l’atelier :

Le sentiment d’isolement des élu.e.s est une constante, Ils/elles ont peu l’occasion d’échanger entre pair.e.s sur des sujets précis et sur leurs expériences en matière de politiques de rénovation énergétique. Il semble donc essentiel de penser dans le programme des espaces pour des échanges – y compris informels. Par ailleurs, un fonctionnement en petits groupes mélangeant personnes « expertes » et élu.e.s a également permis des échanges plus libres ainsi que de créer de l’interconnaissance et de la proximité entre des acteurs qui ne se connaissent pas forcément.

Autre constat : la pertinence du format destiné aux binômes élu.e.s/technicien.ne.s, car il existe un réel besoin de mieux articuler leurs rôles respectifs. Cela permet d’identifier des pistes sur la manière dont les élu.e.s peuvent être mieux en lien avec leurs services techniques pour travailler sur l’enjeu de la rénovation énergétique des logements.

Partir des expériences personnelles des participant.e.s (plutôt que d’apporter des contenus d’emblée) en matière de rénovation énergétique permet de mieux comprendre leur perception de cet enjeu. Les participant.e.s ont beaucoup insisté sur la complexité des démarches auxquelles les copropriétaires sont confrontées, en parlant de la rénovation comme un « parcours de combattant » qu’il faut faciliter et fluidifier.

Enfin, ne pas imposer un angle thématique trop fort qui risque d’exclure certains sujets de préoccupation, notamment la question du traitement des copropriétés dégradées et la rénovation des copropriétés horizontales.

Et après ?

Enrichie par l’expérience de cette première expérimentation, l’AREC Ile-de-France vise à reproduire, dans le cadre du programme RECIF+, une série d’ateliers et de visites sur d’autres territoires franciliens permettant ainsi de mettre en avant les enjeux spécifiques auxquels sont confrontés les élus en fonction de la typologie de leur territoire. Cette expérimentation a ainsi permis de tester les formats pertinents à reproduire dans le cadre de ces autres ateliers qui viseront à aider les élus à se saisir de l’enjeu de la rénovation énergétique des copropriétés. Pour les élu.e.s et technicien.ne.s de l’agglomération de Plaine Vallée, un deuxième temps d’échanges sera proposé, afin d’apporter des éléments de réponse aux interrogations et besoins remontés lors de l’expérimentation. L’objectif sera notamment d’améliorer les connaissances des participants sur les dispositifs existants et sur les acteurs à mobiliser en Île-de-France.

 

Auteure : Franziska Barnhusen (Chargée de projets Rénovation et Transition énergétique, Département énergie et climat, L’Institut Paris Région)
Illustration : Jeanne Schelle