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Faut-il former les élus, et si oui, sur quoi et comment ? La question est au cœur du projet « (Dé)formations »Durant 2 ans l’équipe va interroger, via une enquête collaborative et des expérimentations, les objectifs, formats et contenus des formations pour les élus des territoires péri-urbains et ruraux franciliens confrontés à un contexte de défiance citoyenne et de transitions écologiques, économiques, sociales, démocratiques. L’objectif est d’imaginer des formats et contenus innovants pour leur donner envie de participer à des formations.


Des élus en mal de formation ?

Les élus, particulièrement ceux de communes  périurbaines ou du rurales, collectivités dotées de services modestes, se forment peu. Comment expliquer cet échec de la politique de formation des élus, alors que les besoins sont là, et que des dispositions législatives ont été mises en place pour favoriser la constitution d’un marché dédié ?

Un rapport récent de l’IGA/IGAS explique ce paradoxe par des dysfonctionnements dans l’offre de formation pour les élus. Trop standardisée, insuffisamment différenciée selon les étapes du mandat, l’offre actuelle répond bien aux besoins de connaissances technique, juridique, institutionnelle mais moins bien à l’enjeu de réinvention de la fonction d’élu local ou à l’apprentissage de la coopération, souligné par exemple par nos collègues de l’agence Partie Prenante, eux aussi embarqués dans le projet. 

Comment par exemple accompagner les élus locaux pour clarifier, en binôme avec leur administration, ce qui ressort de la fonction politique et ce qui relève de la fonction technique ? Comment les aider à répondre aux attentes, et parfois aux impatiences, des citoyens qui souhaitent davantage de participation ? Comment, au-delà d’une approche juridique de la répartition des compétences entre commune et intercommunalité, mieux définir la place de l’élu dans un partage plus collectif des rôles ? Ces questions méritent d’être, davantage qu’elles ne le sont aujourd’hui, au cœur des formations élus. 


Un tour d’horizon pour démarrer

Première étape du projet, un travail de veille collective: nous avons repéré et analysé différentes démarches apprenantes et inspirantes à destination des élus, et sur des sujets liés aux transitions: formations proposées par des organismes labellisés ou démarches non labellisées, payantes ou gratuites, initiées  par différents types d’acteurs : associations, universités, organismes publics, collectivités locales… Au total, une quarantaine d’exemples… L’analyse de cette offre montre une grande variété, et une grande richesse, dans le public cible, dans les contenus, les orientations pédagogiques, les formats.


Quels élus cibler ? 

Notre benchmark montre que ce ne sont pas seulement les élus convaincus ou en charge de la compétence transition qui sont visés par ces offres, mais plus largement l’ensemble des élus, via par exemple des journées de sensibilisation ou d’acculturation sur le sujet…. Pour notre équipe DéFormations, l’idée est bien de mixer les publics, y compris dans  la constitution des groupes de participants aux formations. 

Notre tour d’horizon nous a permis de repérer des exemples de formats dédiés pour les élus ! Nous avons exploré des formations spécialement dessinées pour eux : celles labellisées en France  par exemple par le CEDIS ou l’IFET, mais aussi à l’international, avec par exemple l’Ecole des Maires de grandes métropoles mondiales rassemblés par Bloomberg Philanthropies et l’Université de Harvard (quoique celle-ci s’appuie également sur les technicien.ne.s et conseiller.e.s proches de ceux-ci). D’autres proposent des formats plus hybrides entre élus, techniciens, associations, société civile. C’est le cas des DDTour dont le but est de découvrir et de s’inspirer de pratiques exemplaires du Développement Durable, via une visite de site ou de territoires en transition, ou, dans le cadre de la préparation d’agendas 21,de  la formation action de 6 modules sur les circuits courts alimentaires proposé par l’AREC, à destination de collectivités péri-urbaines. Nous adresser à des binômes élus/ autres acteurs nous permet de miser sur l’intelligence collective et la confrontation des points de vue.


Comment former des élus?

 Se pose aussi la question du « comment former ? »,  quelles modalités pédagogiques privilégier ? Là encore, une grande variété de méthodes, des plus classiques fondées sur des méthodes d’apprentissage descendantes où des experts délivrent des connaissances, aux plus originales. Certaines, s’appuient sur le principe « les élus parlent aux élus » : mentorat entre élus (relation interpersonnelle de soutien, d’entraide et d’échanges entre une personnes d’expérience et une autre qui a des compétences à acquérir), groupes d’échanges de pratiques, visites de territoires ou de sites pour donner à voir concrètement et en situation la façon dont des élus et leurs équipes construisent leur projet. 

Certains outils permettent de mettre les élus au travail en leur donnant des objectifs de production bien identifiés, par exemple la réalisation d’une enquête collaborative ou la participation à des ateliers, par exemple la démarche sur l’environnement de travail des élus menée par la 27ème région.  Pour notre projet, ces différentes options seront testées dans le cadre de l’enquête puis des expérimentations, afin de voir jusqu’où il est possible d’innover, de pousser par exemple le travail collectif ou l’immersion. D’autres questions restent ouvertes : par exemple, quels formats (court/ long ; compact/ diffus…) sont les mieux à même d’être mobilisés par les élus? 

Ce travail de veille documentaire et de benchmark sur les formations, qui sera complété au fil du projet, a été enrichi par une veille documentaire sur le thème des transition(s). Nous y reviendrons dans un prochain article du blog.

 

Auteures :
Brigitte Guigou, sociologue urbaniste, chargée de mission formation et partenariat recherche, Institut Paris Région
Sylvine Bois-Choussy, Cheffe de projet à La 27e Région