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Si la richesse sociale et les impacts urbains de l’urbanisme transitoire contribuent à son essor, ce nouveau mode de fabrique de la ville incite à renouveler les postures et les méthodes de l’action publique.  Souvent transversaux, les projets nécessitent une collaboration entre services et un apprentissage croisé entre élus et techniciens. L’occupation transitoire vient alimenter la programmation future, et le devenir du site se dessine au fil de l’eau. Autant d’éléments qui sous-entendent un savant dosage entre le lâcher prise et la vision commune. Qui pilote ? et à quoi veut-on aboutir ? sont les deux questions taboues de l’urbanisme transitoire. Des questions qui peuvent rester sans réponse mais qui sont parfois à l’origine d’incompréhensions. C’était l’objet de ce café inspirant, organisé avec la complicité du CAUE de l’Essonne.

Vive le bavardage !

Pour lever les non-dits, il faut sortir du cadre classique des réunions en proposant un tiers temps, à cheval sur le projet. Le “café inspirant” réunit des élus et des techniciens pour un moment privilégié de conversation fluide, respectueuse, transparente, et confidentielle. L’objectif : créer un cadre protégé (pas de hiérarchie) dans lequel il devient possible d’exprimer les inquiétudes et de questionner l’implicite.
Les outils : un témoignage extérieur (vécu) et un jeu de cartes comprenant des photos et des verbatims, illustrant les controverses de l’urbanisme transitoire. Le choix des cartes par chacun des protagonistes est l’occasion de pointer du doigt un des aspects du projet, sujet à débat, ou nécessitant d’être précisé. La posture volontairement naïve des animateurs invite les participants à plus de clarté et de sincérité. La variété des expériences est destinée à banaliser leurs interrogations ou leurs difficultés (d’autres les ont vécues également).

Un peu d’explicite pour redonner du souffle au projet

Par le biais d’expériences et de témoignages, c’est l’occasion d’aborder des points essentiels, comme ce qu’on attend des uns et des autres, ce qu’on projette dans l’avenir du site, d’exprimer des craintes sur la gouvernance des lieux, ou encore de se poser la question des synergies et de mettre l’accent sur la nécessité d’une meilleure coopération entre les acteurs. Bref, d’éclaircir le paysage pour envisager de bâtir une vision commune.

Léger mais costaud

Notre « café inspirant » s’est avéré positif pour plusieurs raisons : un moment convivial et fluide, et des prises de paroles équilibrées. A condition de mettre les élus dans une posture active, de dé-siloter les enjeux, de laisser une place à l’improvisation et à la spontanéité, de mettre en confiance en garantissant la confidentialité des échanges … le “café inspirant” est un format léger et efficace, surtout lorsqu’il s’agit de déverrouiller des situations bloquées ou de lever le tapis, bref d’identifier les besoins en matière d’accompagnement. En effet, propice au diagnostic, il peut s’envisager comme un préalable à une formation plus technique. On fait le tour du sujet, on voit quelles sont les zones d’ombre, et les éléments du projet qui nécessiteraient un approfondissement sur-mesure. Nous travaillons maintenant à un temps de rebond pour lui offrir des suites.

Auteure : Lucile Mettetal (chargée d’études et de projets à L’Institut Paris Region)
Illustration : Jeanne Schelle